2990-Dialogue et relativisme - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2990-Dialogue et relativisme

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Le beau succès de la rencontre lyonnaise de Sant’Egidio est l’occasion d’un discernement nécessaire à propos du dialogue des religions. Les objections que l’on fait habituellement à ce type d’événements ne peuvent être écartées sans examen sérieux. Elles n’émanent pas seulement des milieux traditionalistes. N’a-t-on pas suffisamment répété que le cardinal Ratzinger lui-même avait émis de fortes réserves sur l’arrière-fond idéologique relativiste de certaines initiatives, mettant en évidence de réels glissements intellectuels que le bien-fondé de la cause réconciliatrice ne justifiait pas. Précisons à ce propos que la communauté Sant’Egidio échappe à ces soupçons du fait même sa nature d’organisation catholique fervente, centrée sur la liturgie, la parole de Dieu et le service de la charité.

Si Andrea Riccardi et ses amis se sont mis au service du dialogue interreligieux, c’est d’abord pour tirer la conséquence de la première rencontre d’Assise et en prolonger les effets. Certes, il n’y a pas de projet ambitieux sans risque et les meilleurs agents de la paix peuvent échouer sur tel objectif concret. Mais on ne peut juger de sa pertinence que sur un laps de temps significatif. Avec cette dix-neuvième rencontre organisée à Lyon, un simple regard rétrospectif indique que, sur l’essentiel, l’objectif a été tenu. La fidélité de Sant’Egidio a la foi catholique est non seulement intacte, mais la fécondité de la communauté dans toutes sortes de biens est le signe d’une vraie vocation prophétique.

Dimanche 11 septembre, Nicolas Sarkozy a reconnu, de son propre point de vue, que “c’est un progrès capital du XXe siècle que d’avoir ouvert les portes du dialogue entre les religions. Force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu beaucoup d’autres initiatives. Je tiens à convoquer ici la mémoire de Jean-Paul II dont le rôle en la matière a été, une fois encore, déterminant”. Sans les rencontres d’Assise et Sant’Egidio, le thème du choc des civilisations et des religions serait sans réplique, avec la certitude unanimement partagée, que le religieux est forcément de nature totalitaire et belliqueuse. L’aspiration à l’absolu et la recherche d’une transcendance, si elles définissent a minima l’essence de l’homo religiosus, doivent être protégées du vertige de la toute puissance et d’une conception violente et conquérante des consciences. Il n’y a pas de recherche du Dieu vivant et vrai sans respect supérieur de la liberté intérieure des personnes. Ce n’est pas le relativisme qui inspire de telles convictions, mais le sens le plus authentique de l’Evangile. Rassembler des croyants de toutes les confessions et de toutes appartenances culturelles au service de la paix, c’est un acte de courage, comme l’affirmait, ce même dimanche, Andrea Riccardi, c’est aussi le signe que ses valeurs communes, ne serait-ce que le respect de la vie, peuvent entrer dans un projet commun de civilisation universelle. A l’encontre de la menace du choc des civilisations, se profile un espoir qui passe non pas la dévaluation du message, mais par le haut.

Gérard LECLERC