L’étonnante année que nous vivons depuis les événements d’avril, va connaître son accomplissement à Cologne en ce mois d’août. Le pacte que Jean-Paul II avait noué avec la jeunesse du monde va se trouver renouvelé par son successeur Benoît XVI. Et il n’est nullement anodin que cela se passe à Cologne, haut lieu du catholicisme allemand, où le nouveau pape se retrouvera évidemment chez lui. Avec quels souvenirs, quel rapport à l’histoire, quelle promesse de refondation à partir d’un passé insupportable à jamais inscrit dans la conscience humaine ! La visite à la synagogue du pape allemand constituera, n’en doutons pas, un moment indicible qui prolongera les actes décisifs accomplis par Jean-Paul II à Rome et à Jérusalem. On peut être assuré également que la très haute et pure figure d’Edith Stein, sœur Thérèse Bénédicte de la Croix, accompagnera ces Journées Mondiales de la Jeunesse. Entre le carmel de Cologne où, en fille de Thérèse d’Avila et de Jean de la Croix elle accomplit son entrée dans la vie religieuse, et Auschwitz où elle fit son entrée dans la vie éternelle, en solidarité « avec son peuple », se dessine un chemin de souffrance et de gloire qui ne peut qu’interroger les jeunes d’aujourd’hui face au sens de l’existence et au message du Dieu de l’Alliance.
Il faut, en effet, se rendre compte que dans l’immense crise de la culture occidentale un tel rassemblement, avec ce pape-là, revêt une signification extraordinairement forte. L’Europe contemporaine, héritière des Lumières, a pu conformément au mot d’ordre d’Emmanuel Kant, oser son émancipation intellectuelle, rationnelle. Elle apparaît plus qu’hésitante, en notre temps, en dépit de toutes les chartes possibles énonçant des droits, à reconnaître et promouvoir, sur l’existence elle-même. Passion inutile ou improbable, chaos de tendances et d’instincts inscrutable, volonté d’affirmation que n’éclaire nulle téléologie même purement historique ? Il n’est pas indifférent à ces JMJ qu’elles se déroulent au moment où les législations nationales sont bousculées sur les points les plus essentiels, ceux qui concernent la dignité du corps humain, le mariage et les règles de la filiation. C’est bel et bien à un éclatement de la symbolique de notre humanité que nous assistons. Que cela se passe alors que l’on s’acharne à dénier l’importance de l’héritage chrétien dans les sources de notre civilisation n’a rien que de très logique. Car d’évidence, ce n’est pas l’histoire révolue que l’on craint mais le rappel explicite de l’enseignement de la Bible et de l’Evangile avec ses conséquences sur l’ordre législatif et la civilisation des mœurs.
Qu’à l’appel de Benoît XVI, des centaines de milliers de jeunes puissent affirmer et célébrer leur joie de venir adorer l’héritier de la Promesse et le Rédempteur du monde, c’est l’espérance qui redevient lumière dans la nuit des équivoques et des dislocations intérieures. Ajoutons que c’est aussi un défi, alors que la proche actualité voudrait nous imposer le contre-témoignage d’un religieux de mépris et de haine en faveur de la puissance d’un amour qui nous sauve.