Belles images de Pentecôte… A Rome, Benoît XVI procède aux ordinations de son diocèse tandis qu’une grande foule emplit la place Saint Pierre. A Jambville, Mgr Eric Aumonier est au milieu de 15 000 de ses diocésains pour soutenir la dynamique de l’évangélisation dans les Yvelines. A Notre Dame de Paris, Mgr André Vingt-Trois confirme près de 200 adultes, à l’exemple de bien d’autres évêques en France et ailleurs. L’Eglise poursuit sa mission. Le grand chagrin de la mort du pape bien aimé n’a pas conduit les catholiques à une mélancolie paralysante. Bien au contraire, c’est à une ardeur de Pentecôte qu’ils sont conviés sous la conduite d’un nouveau Pasteur, plus qu’aucun autre pénétré par la conviction qu’il faut poursuivre le grand œuvre de Jean-Paul II.
La prompte décision d’ouvrir le procès en béatification de son prédécesseur montre de la part du pape une claire intention. La grâce de ce pontificat lui est trop évidente pour qu’elle ne soit pas reconnue par cette procédure, et en quelque sorte authentifiée, afin de permettre à l’Eglise toute entière de la reconnaître et de mieux s’en imprégner. En reconnaissant en effet la sainteté personnelle d’un homme, c’est son œuvre, sa pensée qui sont aussi distinguées. A priori, on pourrait être un peu écrasé par la masse de documents, par la suite d’évènements de ce quart de siècle. Une mise en perspective s’impose, afin de mieux comprendre le fil directeur d’une vie, d’un enseignement, d’un apostolat. Qu’a voulu Jean-Paul II, en lançant les Eglises d’Europe sur les voies de la nouvelle évangélisation ? Quelle était aussi son intention de fond en convoquant les jeunes à ces vastes rassemblements dont les J.M.J. De Cologne manifesteront à nouveau l’importance missionnaire.
Certes Benoît XVI, avec l’épiscopat, gouvernera l’Eglise avec ses charismes propres. Il ne faut pas s’attendre de sa part à une sorte de mimétisme maladroit. Déjà, ses premiers actes démontrent sa manière à lui de prendre en main les destinées de l’organisme central romain. Sans être grand devin, on peut présumer qu’il sera un pape enseignant. On attend avec beaucoup d’intérêt une première encyclique qui nous éclairera sur ses intentions. Il est fort possible qu’avec sa connaissance des évolutions contemporaines, celles de la pensée et de la société, il nous fournisse une analyse aigüe de la civilisation européenne actuelle en relation avec la mission d’y annoncer l’évangile. Par ailleurs, la dimension vraiment catholique et donc mondiale de l’Institution née de l’effusion de l’Esprit ne peut que se confirmer, avec des projets qui déjà s’annoncent.
L’allocution devant le corps diplomatique, les intentions révélées du gouvernement vietnamien d’une proche régularisation de ses relations avec le Vatican indiquent nettement que Benoît XVI est résolu à aller de l’avant sur le continent asiatique. La nomination d’un évêque américain à sa succession à la congrégation pour la doctrine de la foi n’est pas seulement l’indice d’une continuité doctrinale, mais d’un renforcement de l’internationalisation du gouvernement central. L’Eglise nord-américaine ne nous avait pas habitués à la découverte de théologiens aussi sûrs. C’est donc l’Histoire qui continue, et avec la grâce de la Pentecôte, nous laisse entrevoir d’autres horizons.
Gérard LECLERC