2925-Acomplir la Pâques - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2925-Acomplir la Pâques

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Qu’on le veuille ou pas, la Semaine Sainte aura été marquée par l’audience massive du film de Mel Gibson dans les couches de la population les plus étrangères au christianisme et, singulièrement auprès d’une jeunesse éloignée de toute catéchèse et de toute culture biblique. Les témoignages qui nous viennent de toute part impressionnent. Les salles sont combles. Au centre de Paris, un public bigaré, “multiculturel et multiconfessionnel”, applaudit à tout rompre à la fin du film. Tel fondateur d’une grande communauté nouvelle me signale qu’il y avait 90% de jeunes dans la salle où il se trouvait et qu’à l’entrée il a discuté avec un jeune musulman qui venait pour la troisième fois, y amenait des amis et se trouvait incité à la prière… Tout cela constitue une réalité sur laquelle il convient de sinterroger.

Faut-il se répéter ? Que certains ne se retrouvent pas dans l’œuvre du cinéaste, que d’autres détestent même cette esthétique qui blesse profondément leur sensibilité religieuse, nous le respectons. Encore faut-il admettre que d’autres ont une opinion contraire et qu’on puisse en parler dans un climat de respect et de discernement. Bruno Frappat, dans La Croix, par exemple, n’a pas de mot assez durs pour stigmatiser les violences et la cruauté de cette représentation de la Passion. Il est par ailleurs l’auteur d’un très beau texte sur le Chemin de Croix, qu’il a eu l’occasion de prononcer à haute voix lors du Vendredi Saint de l’an dernier, sur le territoire “huppé” de la paroisse Saint-Pierre de Chaillot : “Les plus lourdes portes de fer laissent toujours passer un rai de lumière. Dans les plus cruels abandons nous croisons un visage, nous fixons notre regard sur un autre regard. Plus personne, jamais, ne sera seul”. (1)

D’autres personnalités chrétiennes ont eu l’occasion de dire tout le bien qu’elles pensaient du film. Le père Bernard Bro, par exemple, a exprimé son admiration sur KTO et la Cinq. On sait sa profonde connaissance de l’iconographie chrétienne à laquelle il associe cette Passion, qui est pour lui une grande œuvre. C’est le cas aussi de René Girard, qui est pourtant le penseur qui nous a le plus prévenus contre les associations perverses entre la violence et le sacré. Loin de condamner la brutalité du film, il y voit une légitime illustration de l’engagement total de l’Innocent dans la Rédemption du monde. Ces deux exemples ne sont-ils pas significatifs de la possibilité d’une catéchèse en profondeur à partir d’un spectacle-événement qui mobilise toutes ces foules sans berger ? Certes, il y a lieu d’opérer des clarifications et de montrer notamment que la souffrance du Vendredi Saint s’inscrit dans le grand passage du Seigneur vers la Vie qui triomphe, après que le mal et la mort ont été vaincus. Encore faut-il que le message soit franchement annoncé et que tous se mobilisent pour la Mission.

Gérard LECLERC