2935-70 ans après la résistance de Karl Barth - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2935-70 ans après la résistance de Karl Barth

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Grâce soit rendue à notre confrère Réforme, qui fait mémoire d’un événement considérable de l’histoire contemporaine du protestantisme. Le 31 mai 1934 était en effet adopté la déclaration de Barmen, dont l’initiateur principal était l’immense théologien réformé que fut Karl Barth. C’est cette ville allemande située dans la Ruhr qu’un groupe de personnalités protestantes se constitua pour fonder l’Eglise confessante, dans le but de lutter contre l’emprise grandissante du national-socialisme jusque dans l’Eglise allemande. Il faut noter aussi la présence de ce martyr éminent de la foi que fut Dietrich Bonhoeffer. Une confession de foi s’imposait pour armer spirituellement tous ceux qui pressentaient quel danger planait alors, ne serait-ce que pour la liberté et l’intégrité de l’âme croyante. C’était une autre religion qui voulait s’imposer pour se substituer à ces paroles divines : “Jésus-Christ, selon le témoignage de l’Ecriture sainte, c’est l’Unique Parole de Dieu. C’est elle seule que nous devons écouter, c’est à elle seule que nous devons confiance et obéissance dans la vie et dans la mort.”

La référence au nazisme, aux mythes païens, à la toute puissance magnétique du Fürher est omniprésente dans la déclaration qui nous donne aujourd’hui la plus belle idée de ce que peut être la fierté chrétienne, eu égard à la tragédie mondiale alors à l’horizon. Certes, la menace qui plane déjà sur la population juive n’est pas évoquée – mais le refus catégorique de la pensée du régime inclut, d’évidence, le refus des persécutions antisémites, même si Karl Barth regrettera plus tard que la déclaration n’ait pas explicitement désigné la menace. On sait que l’Eglise confessante paiera le prix de son opposition spirituelle avec l’arrestation de nombre de ses pasteurs qui se retrouveront notamment au camp de Dachau où les prêtres catholiques étaient également nombreux.

Mais soixante-dix ans après Barnem, une autre leçon s’impose. Les temps ont changé, les problématiques idéologico-politiques sont différentes, de même que les enjeux de civilisation. Pourtant on est frappé par l’actualité saisissante de ce texte, qui nous parle directement de nos difficultés, évoque clairement le rapport à la Parole divine des attitudes pratiques des croyants. “Nous rejetons la fausse doctrine selon laquelle l’Eglise pourrait, en vertu d’un acte d’autonomie humaine, mettre la Parole et l’œuvre du Seigneur au service des désirs, des buts et des plans quelconques choisis de sa propre autorité.” Tout relativisme doctrinal ou moral se trouve ainsi sévèrement dénoncé, et il concerne l’ensemble des “courants successifs et changeants de convictions idéologiques et politiques”. Comment ne pas saluer la continuité d’une parole transmise, qui éclaire des situations différentes, en se référant au modèle sans pareil : “Professons la vérité dans la charité, et croissons à tous égards en celui qui est le Chef, Christ, par lequel tout le corps est uni”. (Eph. 4, 15-16).

Gérard LECLERC