La venue de Jean-Paul II à Lourdes pour le 15 août est pour nous un immense cadeau. Notre saison estivale trouve ainsi son centre de gravité à partir duquel nous pouvons méditer et prier sur les grands mystères de la foi. Ce qui est admirable dans la cité mariale, c’est la rencontre d’immenses foules, constituées souvent de gens très simples, avec les réalités essentielles du christianisme. Jean-Paul II s’est toujours replongé avec bonheur dans ces assemblées populaires venues trouver aux pieds de la Vierge, toute la sollicitude maternelle qui permet d’entrer dans le dessein du Fils. Il l’a rappelé, encore récemment dans un livre autobiographique. Dès son enfance, il s’est rendu au sanctuaire national de Czestochowa. Il n’a cessé d’y retourner, même pendant la nuit de l’occupation nazie. Est-il consacré évêque que le lendemain même, il se rend auprès de la Vierge noire, implorant pour sa mission pastorale. (Levez-vous, Allons, Plon-Mame).
C’est dans le même esprit, qu’élu au siège de Pierre, il voulut se rendre à Guadalupe au Mexique, soutenu par l’élan de millions de fidèles. En 2002, il renouvela son pèlerinage pour canoniser Juan Diego, le voyant. N’y a-t-il pas une ressemblance étonnante entre un Juan Diego et une Bernadette Soubirous, et tous ceux qui eurent la vision de l’Immaculée ? Cette humilité native qui nous renvoie à l’Evangile le plus pur : “Père… je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits.” (Mt 11,25). A lourdes, en 1983, le Pape, miraculé de son attentat du 13 mai 1981, prononçait une des plus mystiques homélies de son pontificat, méditant sur la vocation eschatologique de Marie, son élection singulière en avant-garde de l’immense peuple de Dieu.
C’est qu’au sein du christianisme, il ne peut y avoir de contradiction entre le message et la simplicité populaire. Jamais mieux la grâce de la vie nouvelle ne se révèle que dans les gestes du pèlerinage et la charité concrète de l’accueil réservé aux plus démunis et aux plus souffrants. De même la célébration du bicentenaire de la définition du dogme de l’Immaculée Conception trouvera à la grotte de Massabielle le lieu privilégié de sa méditation. N’est-ce pas sous ce nom que la Vierge révéla son identité à Bernadette ? Le fait que Marie ait été préservée des conséquences de la chute par la grâce de son Fils constitue le plus évident signe d’anticipation de la Promesse. Le dessein de Dieu sur l’humanité est figuré par ce prototype de l’éternelle jeunesse qui défie les atteintes du mal. “Priez pour nous, pauvres pêcheurs, maintenant et à l’heure de notre mort.” A Lourdes, avec notre Pape, l’innombrable prière témoignera de la plus éblouissante espérance.
Gérard LECLERC
