2943-Situation de l'Eglise - France Catholique
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Le martyre des carmélites
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2943-Situation de l’Eglise

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La prochaine élection présidentielle aux Etats-Unis est l’occasion d’examens qui ont aussi une dimension religieuse. De nombreuses études mettent en effet en évidence le caractère très particulier d’une civilisation qui, dès ses origines, baigne dans un climat “évangélique” et dont le destin est régulièrement relancé par des “revivals” qui concernent aussi l’identité des formations politiques. Ce qui paraît paradoxal à nombre d’Européens est, là-bas, le terreau même de la modernité, si bien que nous voyons coexister, dans la même aire culturelle, des mouvements spirituels de fond avec les formes les plus radicales de déconstruction sociale et morale. Et c’est de la même grande nation nord-américaine que sont exportés, à travers la planète entière, les vagues de nouveaux missionnaires et les motifs les plus destructurants d’un activisime “queer” (c’est-à-dire “étrange”, qui revendique toutes les “différences”, se bat contre toutes les “normalités”) et dont la logique conspire à détruire les valeurs existentielles d’une histoire bimillénaire.

Nous sommes de plus en plus directement concernés par ce choc de civilisation interne à l’Occident, et qui conditionne d’ailleurs le “choc des civilisations” illustré par Samuel Huntington. Il suffit d’avoir lu, tout au long de l’été, les pages “Idées” de nos quotidiens parisiens, pour mesurer l’ampleur de l’offensive. Qu’il s’agisse de poursuivre l’attaque menée ces derniers mois pour déstabiliser les normes du mariage civil, dont les origines sont indiscutablement chrétiennes, ou de s’en prendre avec violence aux orientations de l’Eglise catholique (comme “Le Monde” en première page à la veille de l’arrivée du Pape à Lourdes), le but est clair. Le combat fait rage entre partisans d’une révolution philosophique et politique qui vise une totale transmutation des valeurs et ceux qui restent persuadés qu’à perdre les balises de notre anthropologie humaniste, notre société entrerait dans une crise mortelle. Ce qui était encore hier une affaire de minorités marginales est devenu un objectif de prise de pouvoir intellectuel et moral au centre du dispositif institutionnel. De ce point de vue, il est patent que nous avons changé d’époque et que l’évolution intellectuelle née dans les années soixante du siècle précédent est parvenue à une maturation qui fait penser à ce qui s’est produit chez nous au dix-huitième siècle, avec la victoire des sociétés de pensée génialement décrite par Augustin Cochin, selon une analyse rendue classique par François Furet.

La Nouvelle Evangélisation se trouve ainsi face à un défi qui rend encore plus urgent son déploiement. Lorsque les bases de la société civile et de l’état de droit sont ainsi ébranlées, l’Eglise se trouve en effet désignée comme l’ennemi symbolique, dont la disparition signifierait la fin d’un monde honni… L’ennemi, c’est donc le christianisme, et même le judéo-christianisme, puisque les fondements anthropologiques d’une humanité selon la grâce sont inscrits aux premières pages de la Bible juive ! A nous, en réponse, de savoir retourner toujours à ces sources intellectuelles premières, pour les défendre et nous en servir comme d’un indestructible bouclier de la dignité humaine.

Gérard LECLERC