Dans les moments d’extrême tension où nous vivons, il est bon parfois de faire retour sur quelques notions qui déterminent le débat international, notamment le langage des diplomates, et mobilisent les foules dans les rues des grandes capitales du monde. Ces foules seraient-elles pacifistes, applaudissant le langage d’une France ayant elle-même épousé la cause du même nom, à l’encontre du bellicisme de certains ? Il faut se méfier de certains mots et de leur usage. Ainsi le pacifisme peut-il se réclamer de l’Evangile des Béatitudes, glorifiant les artisans de paix. Mais sa signification est susceptible d’oscillations qui trahissent autant l’Evangile que la paix elle-même, qui est œuvre de justice.
Comment oublier que, pendant des décennies, la propagande communiste s’est emparée des slogans pacifistes, prenant en otage la sensibilité d’une partie de l’opinion, au service d’une cause idéologique et d’une stratégie de conquête proprement impérialiste ? Un certain anarchisme a également sévi au siècle dernier pour pousser au désarmement moral et militaire des nations pourtant menacées par les totalitarismes. Cela a joué plus d’un mauvais tour à des gens qui se considéraient comme d’innocents défenseurs des droits de l’homme et se sont malheureusement retrouvés devant la seconde guerre mondiale solidaires d’une cause indéfendable.
Aussi convient-il aujourd’hui de bien affirmer que refuser la guerre dite préventive contre l’Irak, ce n’est nullement se réfugier dans l’attentisme et se rendre complice d’un régime qui a fait le malheur de son peuple. La position de la diplomatie française est claire à ce sujet, et elle est d’ailleurs en étroite symbiose avec la diplomatie vaticane. Il s’agit de faire respecter les décisions du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui impliquent un contrôle des armements irakiens et l’interdiction des armes de destruction massive. Cela suppose une action offensive sur le terrain, avec le renforcement des inspecteurs et la présence de troupes de l’ONU pour garantir l’efficacité du dispositif de désarmement. On sait qu’il ne s’agit pas de vœux pieux puisque, au demeurant, l’action des inspecteurs a abouti dans les années passées à des destructions de stocks d’armes, bien au-delà de ce que les bombardements américains avaient pu accomplir. Nulle équivoque n’est donc permise. L’action pour la paix n’aboutit pas à la démission mais à la réalisation concrète d’une œuvre de justice.
Gérard LECLERC
Pour aller plus loin :
- Le défi du développement des peuples et le pacte de Marrakech - la fuite en avant des Nations Unies
- MESSAGE POUR LA JOURNEE MONDIALE DE LA PAIX
- EXHORTATION APOSTOLIQUE POST-SYNODALE « AFRICAE MUNUS » DU PAPE BENOÎT XVI
- Vladimir Ghika : le contexte politique avant la guerre de 1914-1918
- Sur le général de Castelnau et le Nord Aveyron.