3040-Cellules-souches, libérer la bioéthique - France Catholique
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La justice de Dieu
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3040-Cellules-souches, libérer la bioéthique

Le congrès tenu au Vatican sur les recherches sur cellules-souches adultes n’a pas été totalement éclipsé en France par la polémique artificielle sur l’Islam.
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On a généralement tendance à réduire le chapitre de la future médecine régénératrice [aux] cellules [embryonnaires], alors que d’autres voies sont ouvertes. Comme les cellules souches présentes dans les organismes humains vivants (cellules souches « adultes ») et celles présentes dans le sang du cordon ombilical, au moment de la naissance. » C’est Jean-Yves Nau qui le déplore dans Le Monde (20/09) en notant que ces cellules souches adultes « sont pour l’heure, les premières et les seules à avoir fait la preuve indiscutable d’une efficacité thérapeutique dans différentes formes de leucémies infantiles. » Qu’un spécialiste de bioéthique prompt à embrayer sur les thèses utilitaristes et à vilipender l’Eglise pour son opposition à la recherche sur l’embryon (cf. FC n°3038) saisisse l’occasion d’un congrès organisé par le Vatican pour rétablir une part de la vérité est révélateur. En osant interroger la science en profondeur, l’Eglise l’aide à prendre de la hauteur. Les échanges organisés par l’Académie Pontificale pour la Vie, associée à la Fondation Jérôme Lejeune et à la Fédération internationale des médecins catholiques ont en effet été l’occasion de délier les langues. « Les équipes travaillant sur l’embryon bénéficient d’une forte médiatisation et obtiennent des financements importants » déclare Nicolas Forraz à l’envoyée spéciale de La Croix (18/09). Chercheur à Newcastle sur les cellules-souches issues du cordon ombilical, il constate que sa pratique, éthique, ne bénéficie pas de la même fascination.

Grâce à ses « retombées presse » dans les quotidiens français, le Congrès a permis à l’Eglise de clarifier ses positions souvent déformées. A l’image de Mgr Elio Sgreccia, président de l’Académie pontificale pour la vie interviewé par Le Monde, elle assume une « opposition frontale et définitive » à la recherche détruisant des embryons humains. Mais elle précise, avec le neurologue Gian Luigi Gigli, président de la Fédération internationale des médecins catholiques : « Il est faux de dire, comme on le croit souvent, que l’Eglise bloque tout espoir de guérison. Simplement nous rejetons une vision utilitariste de l’être humain. » (La Croix du 18/09). Et Mgr Sgreccia de viser les apprentis-sorciers de la recherche sur l’embryon, en invitant les scientifiques à « ne pas donner de faux espoirs aux gens » tout en appelant de ses vœux l’engagement « des forces économiques qui sont intéressées » par la recherche sur les cellules souches non embryonnaires. (Le Figaro du 18/09). Une position qui n’a rien d’utopique puisque « les résultats scientifiques confortent [la] position éthique [de l’Eglise] » peut-il préciser, preuve à l’appui (Libération 19/09). Et, tout en encourageant la science à progresser, le président de l’Académie pontificale pour la vie d’en appeler à une « prohibition mondiale de la conservation [des embryons] par congélation » (Le Monde (20/09). Une condition sine qua non pour examiner la délicate question du sort des embryons déjà injustement congelés et privés de projet parental afin de ne pas « donner un encouragement » à cette pratique.

N’est-ce pas tout l’intérêt des rencontres scientifiques de haut niveau tenus sous l’égide du Vatican que d’être libérées de cette « science sans conscience » ruineuse pour l’âme ? Pour Jean-Marie Leméné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, “les chercheurs et la presse ont salué comme une première ce qui a constitué des états-généraux de la thérapie cellulaire”. Dans la lignée du congrès sur l’embryon « pré-implantatoire » de février dernier, la nouvelle rencontre renforce la crédibilité de l’Eglise comme sanctuaire d’une parole scientifique libre. Et surtout cohérente. C’est logiquement que Benoit XVI confirmait en recevant les 300 congressistes qu’ »il ne peut y avoir ni compromis, ni tergiversation » dès qu’est en jeu une « destruction de la vie humaine ». Libération a beau ironiser en titrant « le Vatican fait la promo des cellules souches adultes » (19/09), la propagande pour la recherche sur l’embryon paraît, par contraste, plus qu’alambiquée. La revue Nature a ainsi dû publier un rectificatif après avoir clamé fin août qu’il était possible de prélever pour la recherche une cellule sur un embryon en comportant seize sans détruire ce dernier. Il a fallu admettre qu’à la suite de cette expérience, tous les embryons étaient morts.

Tugdual DERVILLE