Scoutisme - France Catholique
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Noël : Dieu fait homme
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Scoutisme

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Le scoutisme a cent ans.

Profession : chrétien
Centenaire d’un apprentissage

Scout ou guide, qu’est-ce à dire ?

Un adulte en puissance ; en quelque sorte un apprenti. Mais encore ?
C’est le métier d’homme qui est visé, et en l’occurrence le métier d’homme-chrétien c’est-à-dire conscient d’être engagé sur le chantier de Dieu : la création.

Car Dieu ne cesse de créer, depuis le commencement du monde. Sa semaine (les six jours de la Bible) n’est pas finie et il a besoin de tous, de la jeunesse qui se lève, pour aller au bout de son plan. Pour tenir  » parole  » pour parler comme Saint Jean au début de son évangile.
Le maître d’apprentissage, c’est Jésus-Christ : Il est l’incarnation du projet. On pourrait dire qu’Il a le projet dans le sang. Il n’y a pas, il ne peut y avoir de meilleur maître. Le mieux est donc de Le regarder agir pour l’imiter.  » Pour marcher dans la voie où Lui-même a marché « .(1 Jn 2,5)

Or que faisait Jésus adolescent ? A l’école, peut-être ? A la maison, sûrement mais aussi dans l’atelier de Joseph, maniant l’herminette et la varlope. Et le samedi, nous le savons, il allait à la Synagogue pour célébrer Dieu avec le village. Y était-il alors plus fils de Dieu que pendant la semaine où Il apprenait son métier d’homme ? Je ne le crois pas. En toute chose, Il était le Christ et Il avait une manière à Lui, qui était  » christique  » de faire ce qu’Il faisait.  » Il accomplissait les Ecritures « . Chacun de ses gestes était dans le plan de Dieu, comme le  » mi-bois  » du scout ou de la guide, lors des installations est dans le plan du CP (chef de patrouille)..

Son apprentissage scout est là : comment rester fidèle au plan de Dieu ? Comment placer chacune de ses activités dans le grand œuvre qu’Il a entrepris ?  » Quoi que vous fassiez…  » rien n’y échappe. Nous faisons du  » définitif  » écrivait Guy de Larigaudie. (Etoile au grand large, Seuil)
Dans le  » contrat de professionnalisation « ,de professionnalisation chrétienne, que chacun signe à sa promesse, il y a l’équipement nécessaire : la loi et les principes, l’équerre et le compas des contrôles nécessaires.

C’est eux qui permettent d’éclaircir l’horizon que bouchent aujourd’hui de fausses représentations : représentation de l’efficacité, de la réussite et de l’amour. Sans parler des représentations de Dieu.

Qu’on cherche avant tout l’efficacité, la tentation est grande de ne pas regarder aux moyens.On a vite fait de trouver des accommodements avec la loyauté ou la justice. On fait bon marché de ses engagements, on triche et on trompe. Face à ces truquages en tout genre, la promesse scoute affiche une première vertu : la franchise.  » Dîtes oui, si c’est oui ; non si c’est non.  »

Qu’entend-on aussi par réussite, sinon l’accès à une  » belle situation « , comprenons une situation qui assure l’aisance ou la sécurité, ou mieux encore l’une et l’autre à la fois ? Et d’ailleurs, cette situation, n’est-ce pas à la société de la procurer ? On la voit réclamer comme un droit, comme un dû, sans référence à son utilité. Or le rôle de chacun est de prendre son service, d’être à sa place sur le chantier de Dieu et d’y travailler sans compter, avec dévouement, la deuxième vertu qu’évoque la promesse.

La confusion n’est pas moins grande quand il s’agit de l’amour. C’est dans les caniveaux que traînent beaucoup des représentations qu’on s’en fait aujourd’hui. Il n’est que frénésie de jouissance égoïste où l’autre n’est qu’objet de plaisir.  » Si ton œil est mauvais, tu es tout entier dans les ténèbres.  » Le contraire de l’amour qui s’exprime spontanément dans le don de soi, dans la clarté d’une oblation librement consentie. Pureté dit encore la promesse scoute.

Faut-il parler des fausses représentations de Dieu. Au XIIIè, Maître Eckart soupirait déjà :  » Mon Dieu, délivre moi de Dieu « . Délivre-moi des images lénifiantes et bêtifiantes qui Le réduisent à une cellule de soutien psychologique ou à une force de police. Père, nous a dit Jésus, Voilà ce qu’Il est. Celui dont l’amour fait grandir, Celui dont ne sauraient se passer tous ceux qui veulent grandir, le Maître irremplaçable de l’ouvrage. « Soyez les imitateurs de Dieu », dit le Christ qui a appris de Lui le métier d’homme. A l’homme maintenant d’apprendre le métier de Christ pour tenir son rôle dans l’entreprise de Dieu.

Ce qui compte, ce n’est pas l’importance des choses que l’on fait, mais la grandeur d’âme avec laquelle on les fait.  » Il est aussi beau, écrivait Larigaudie, de peler des pommes de terre pour l’amour du bon Dieu que de bâtir des cathédrales « . Car le  » définitif  » que nous construisons, pour reprendre encore une expression de ce routier de légende, réside invisiblement dans la banalité des gestes quotidiens.
Aussi apprendre aux garçons et aux filles à ne  » rien faire à moitié  » parce que rien n’est sans importance, est-ce l’ambition du scoutisme catholique dont BP a dit au  » Vieux Loup  » (1) qu’il était le couronnement de son projet.

Hyacinthe-Marie Houard,
21 juin 2007,
St Louis de Gonzague

1 – Chanoine Cornette, un des fondateurs du scoutisme catholique, dans les années 20.