IV LA FNC POUR QUOI FAIRE ? AVEC QUELS MOYENS ? AVEC QUI ? Cette FNC, lancée ce 18 février 1924, qui fut-elle ? Quoi donc la caractérisa ? UN GROUPE DE PRESSION DE MASSE Elle surgit dans un cllmat de combat. On rendit un « hommage solennel aux victimes de Marseille », on s’insurgea contre « la déclaration de guerre civile » du 17 juin ». Ces catholiques sortaient des tranchées refusaient le ghetto. Ils étaient convaincus qu’ils devaient conquérir leur droit à l’existence et le droit à l’existence de leur Église contre une manœuvre occulte, conduite par la Franc-Maçonnerie. Ensuite, on annonça la visée de fond : « Restaurer l’ordre social chrétien dans l’individu, dans la Famille, dans la Société, dans la Nation ». Enfin, on cita quelques objectifs plus immédiats : « revendiquer tous les droits et libertés catholiques », obtenir la suppression des « lois d’exception » (à l’encontre des congrégations), « empêcher la réalisation des menaces portées dans la déclaration ministérielle du 17 juin »… Évidemment, on s’attacha à affirmer ce que l’on était et ce que l’on n’était pas. Pas une « œuvre religieuse· ». Pas un « groupement politique ». Toutefois le terrain d’action serait « celui de la vie publique ». Étant entendu, néanmoins que la finalité des interventions serait limitée par une focalisation déterminée : on « se propose essentiellement d’exercer son action civique dans l’intérêt de la religion, de la famille, de la société, de la patrie » Quelle gymnastique ces distinctions entre « civique » e t « politique », entre « société » et « patrie » ou « nation » ! Observons que ce n’était pas une invention des fondateurs de la FNC. Cette manière de penser venait de plus haut qu’eux. Ils la reprenaient. Comme le soulignait Georges Viance : « Son (à la FNC) terrain est celui de la vie publique, c’est-à-dire le terrain sur lequel doit s’exercer l’activité des citoyens catholiques c’est-à-dire pour mieux préciser encore, comme le dit Pie X, le terrain sur lequel : « Ces troupes choisies de catholiques se proposent précisément de réunir ensemble toutes leurs forces vives dans un but de combattre par tous les moyens justes et légaux la civilisation antichrétienne… replacer Jésus-Christ dans la famille, dans l’école, dans la société, rétablir le principe de l’autorité humaine comme représentant celle de Dieu ; prendre souverainement à cœur les intérêts du peuple et particulièrement ceux de la classe ouvrière et agricole » (in La FNC. Son passé. Son avenir 1939) Autrement dit, la FNC correspondait à « l’action catholique », version Pie X. Cela mérite d’être noté. Car, ce sera un germe de conflit. On retrouvera cela. DES STRUCTURES PRÉCISES ET DES PUBLICATIONS MULTIPLES Dans les structures de la FNC, trois faits notables. En premier lieu, à remarquer que la FNC épouse les contours et les degrés de l’Église des paroisses. Elle articule « unions paroissiales », « unions diocésaines ». Elle est le dernier cri de ce que l’on a appelé la « civilisation paroissiale ». Après elle, fini le temps des « curés » ; ce sera l’époque des « aumôniers » puisque les mouvements de la seconde « action catholique » délaisseront les assises territoriales pour se mouler sur les classes sociales. Le Père Bonnet a montré toute l’importance de ce changement. Ajoutons qu’au comité directeur de la FNC, siégeront des représentants d’autres mouvements d’Église : ceux de l’ACJF – la cohabitation sera difficultueuse -, de la CFTC – moins surprenant, l’univers culturel de la FNC ne sera pas très éloigné de celui de la CFTC des années 1930 En deuxième lieu, à relever qu’un assistant ecclésiastique, représentant l’Archevêque de Paris, fait partie du comité et du bureau. Aucune décision engageant la doctrine ou la morale ne peut être prise – sans l’assentiment explicite de cet assistant ecclésiastique. Le premier à occuper cette charge ne fut pas un plaisant ni un paillasson. Un dominicain intransigeant. Secrétaire de II Assemblée des Cardinaux e t Archevêque, il leur inspira une des déclarations les plus ferle de l’Église de France (en avril 1925) qui affola le nonce apostolique. Ayant occupé la chaire de Notre-Dame pendant vingt-deux ans (de 1923 à I925), il y avait fasciné deux personnalités, elles-mêmes exemptes de banalité. L’une qui est loin de nous : Léon Daudet, le camelot du Roi : « Il y a un ton oui convainc, qui entraîne, qui persuade, en un mot qui courbe. Ce ton Pascal l’avait. Bossuet aussi. Ce ton juste, qui est celui de la certitude, est aussi le ton du Père Janvier » (op. cit.p. 1063). L’autre a marqué longtemps et plus récemment la société française : Hubert Beuve-Méry, le fondateur du quotidien Le Monde ! Eh oui ! Le tout jeune Hubert Beuve-Méry eut ; aussi, ses « vêpres à Notre-Dame », au moins à sa manière. Y étant entré « par hasard » et lui ayant entendu prêcher sur la vertu de force, il alla le trouver. II le rencontra. Le Père Janvier lui servit de mentor, lui procura ses premiers emplois journalistiques, l’introduisit dans tout un réseau relationnel. Émile Poulat a raison. Ce ne sont pas les idées qui méritent attention. C’est simple les idées ! Mais les hommes, c’est surprenant ! Comment ne pas rêver plus tard, au ciel ou ailleurs dans l’au-delà, d’un dîner de tête autour du Père Janvier, Léon Daudet, Hubert Beuve-Méry, Castelnau, etc. À suivre ! En troisième lieu est à souligner que la FNC mit en place un important « service de presse » et « un « service de conférenciers » non moins actif. Rien de plus logique. La FNC se concevait comme un appareil d’intervention sur les pouvoirs et sur l’opinion, comme une force de propagande. L’un des initiateurs de ces services fut – ô surprise ! – un ancien sillonniste : Ernest Pezet. Après avoir été l’animateur de l’Ame Française à partir de 1917, avoir été fondateur de l’UNC (= Union Nationale des Combattants), il passa à la FNC, quelques années. Il finit ensuite parlementaire du P D P (= Parti Démocrate Populaire), spécialiste des problèmes d’Europe Centrale. Dommage que dans son récit de son parcours politique (Les chrétiens et la Cité, Nouvelles Éditions Latines, 1965), il ait oublié de signaler ce détour par la FNC. Castelnau était encombrant et ‘inavouable’au PDP et au MRP ! Plutôt inventorions les publications de la FNC. Il exista trois périodiques : – « CREDO, bulletin officiel de la FNC « avant de devenir Revue mensuelle d’action … Lire la suite de 5 – La FNC pour quoi faire ?
Copiez-collez cette URL dans votre site WordPress pour l’inclure
Copiez-collez ce code sur votre site pour l’y intégrer