Sous les projecteurs, l’élection présidentielle aux États-Unis ne représente pourtant que la partie émergée d’un gigantesque iceberg. 2024 sera l’année des élections, de l’Algérie au Venezuela, un phénomène inégalé dans l’histoire. Les électeurs de 77 États se rendront aux urnes, ce qui représente 4,2 milliards d’individus – dont deux milliards d’électeurs –, 53 % de l’humanité et 60 % du PIB mondial. Sont concernés huit des dix pays les plus peuplés du monde – dont les deux plus grands pays musulmans, l’Indonésie et le Pakistan –, trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, huit des membres européens de l’OTAN et trois membres fondateurs du club non aligné des BRICS. 38 pays éliront leur président, 37 leur Parlement. Le phénomène ne sera pas limité aux États nations, puisque les « citoyens » de l’Union européenne éliront leur Parlement au printemps.
Si les minuscules îles Marshall, dans le Pacifique, ont ouvert le bal le 2 janvier, 945 millions d’Indiens éliront les 543 membres de la Lok Sabha, la chambre basse du Parlement, au cours d’élections générales qui s’étireront sur plusieurs semaines, entre avril et mi-mai. Le 14 février, a eu lieu en Indonésie la plus grosse élection organisée sur une seule journée, avec plus de 250 000 candidats en compétition pour 20 000 postes à différents niveaux politiques.
Transition ou continuité
Certains pays vivront de délicates transitions politiques, tels que l’Afrique du Sud, où le règne sans partage de l’ANC (African National Congress) devrait prendre fin, ou le Royaume-Uni, à l’automne – sauf décision du Premier ministre Rishi Sunak de jouer les prolongations –, où les conservateurs pourraient céder la place aux travaillistes. D’autres voteront malgré l’instabilité et la guerre civile, tels que le Sud-Soudan, un dilemme que le président Zelensky a choisi d’éviter en reportant sine die les élections prévues en Ukraine le 31 mars.
D’autres encore, dans l’ombre d’un voisin menaçant, comme la Corée du Sud (10 avril) ou Taïwan qui, le 13 janvier, a tenu tête à la Chine populaire en élisant un président considéré par Pékin comme hostile à ses intérêts. En Iran, le scrutin bâillonné du 1er mars pourrait déboucher sur une nouvelle éruption de violence, deux ans après la mort de la jeune Jina Mahsa Amini sous les coups de la police des mœurs.